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 La légende du Marchenuit

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Ankh-Anachron
Général des ténèbres
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MessageSujet: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptySam 6 Jan - 7:53

Prelude

Imhdrazil d’Iborasque était un homme froid et solitaire. Il ne recherchait plus la compagnie des autres humains depuis des lustres. A première vue, pour qui avait la chance de l’apercevoir derrière les lourds rideaux qu’il tirait chaque matin devant ses fenêtres, on croirait voir un vieillard, chargé de la sagesse de maintes décennies. Pourtant, Ihmdrazil d’Iborasque était un jeune garçon dans la fleur de l’âge. Ses cheveux, jadis d’un noir de jais, étaient à présent striés de mèches d’un blanc sale. Sa peau, à force d’éviter le soleil, avait pris un teint pâle et maladif et son regard était devenu gris et terne, usé par la lumière tremblotante des chandelles. Mais pourquoi ce jeune homme, d’antan si robuste et sain, était-il devenu si frêle et usé?
Car c’était un génie.

Comme tous les génies, Imhdrazil d’Iborasque nourrissait un rêve fou et presque irréalisable. Comme une braise qu’il maintenait vivante dans les tréfonds de son esprit, ce rêve l’obsédait, jour et nuit, l’empêchant de dormir et l’obligeant à s’exiler. Armé de vingt et un printemps, avec son diplôme de guérisseur en poche, il quitta la maison familiale pour se terrer dans une chambre miteuse, dans le grenier d’une maison qu’il partageait avec une famille de paysans. Ce rêve fou qui le torturait depuis le début de ses études de médecine était vaincre la mort. Ramener un être à la vie constituerait la plus grande découverte de tous les temps et lui rapporterait certainement la reconnaissance des plus prestigieux guérisseurs de la contrée. C’est la réalisation, ou plus précisément les conséquences de ce rêve impossible que narre cette histoire.



I] Première partie : l’utopie du Nécromancien


Chapitre premier : L’aube des corbeaux


Au plus profond de cette nuit noire, dans le village de Sousmerfenel, loin à l’est des terres d’ Amakna , dans le grenier d’une petite maison à l’aspect miteux, un rayon de lune éclaira fortuitement le visage pâle et émacié d’un jeune homme. Il avait les cheveux emmêlés et le teint cireux. Sur le toit, un chat errant décrocha l’une des vieilles tuiles qui vint s’écraser sur la rue pavée, loin en contrebas. A ce bruit, Imhdrazil d’Iborasque se réveilla en sursaut. Il marmonna quelques mots incompréhensibles en se frottant les yeux. Un bref regard au cadran qui pend au mur confirma ses craintes : il était tard… ou tôt selon le critère de chacun. Minuit passée.
Son regard perdu balaya le grenier qui lui servait de chambre, se posa sur le lit défait, la porte mangée par les termites, la petite commode ou il rangait ses quelques habits, la cuvette pleine d’eau et enfin, la petite table, transformée depuis trois jours en champ de bataille. Des parchemins froissés, déchirés, des amas de calculs, de dessins et de notes, écrits d’une écriture fine et courbée tapissaient le meuble qui menaçait de s’écrouler sous les poids des livres qui y avaient été posés.
Cependant, au milieu de cet enchevêtrement de ratures, de taches et de schémas gribouillés à la hâte, Imhdrazil retrouva enfin la raison de ce chaos, une lumière dans le néant : trois formules soulignées en rouge.
Cet ensemble de mots et de chiffres était clé. Clé de la découverte, clé du succès, de la reconnaissance, du prestige, des livres dédicacés et de la fortune qui s’ensuivrait inévitablement…




Imhdrazil fût réveillé, quelques heures plus tard par une lumière toute différente à celle de la lune. L’aube pointait à l’horizon. L’Astre solaire, tel une énorme boule de feu, émergait de la lointaine mer de l’ouest, disposé à éclairer de nouveau la terre de ses rayons bienfaisants et chaleureux. Ragaillardi par cette douce lumière blanche, le jeune scientifique se lèva brusquement. Il se nettoya le visage dans la cuvette, enfila sa cape de voyage et son chapeau et prit la porte. Il dévala les escaliers de quatre en quatre, s’arrêta devant la remise et sortit un petit trousseau de clés de sa poche. Il tourna la serrure ; la porte grinca en s’ouvrant et la soudaine lumière du petit matin déloga une famille de chauve-souris. Imhdrazil tira du local poussiéreux deux pelles larges et une pioche, seul héritage de la famille qui occupait la maison précédemment, et sortit dans la rue dallée.

L’air frais du matin finit de le réveiller complètement. Une brume légère, comme un voile transparent, rendait les formes et les contours imprécis, comme vus au travers d’une feuille de papier de riz. Le temps était comme suspendu, le monde sortait lentement de sa léthargie pour se plonger, une fois de plus, dans le train-train quotidien, dans la routine de tous les jours. Quelques marchands, sortis pour monter leur étalage et exposer leurs ventes, regardaient Imhdrazil l’air ébahi. Celui-ci les ignora, empressé et continua sa route vers la vallée, située en contrebas du village, qui se tenait perché à flanc de colline, marchant d’un pas rapide, le dos vouté.

Au bout d’une demi-heure de route environ, le jeune scientifique attegnit enfin son but. Les deux grandes grilles en fer forgé qui marqaiuent l’entrée du cimetière de Sousmerfenel se dressaient, lugubres et intimidantes au dessus de lui. Un petit panneau en bois humide, planté dans un arbre proche, indiquait : « visiteurs, ne perdez pas votre âme de vue en ces lieux. ».




Décidé, Imhdrazil poussa le portail, qui, en s’ouvrant, crissa à en réveiller les morts. Une légère odeur fade flottait dans l’air. Ici, la brume semblait plus épaisse qu’autre part et inquièta un tant soit peu le jeune homme. Il avançait à présent d’un pas moins résolu, les pelles tremblotaient dans ses mains et cliquètaient en s’entrechoquant.

Soudain, surgi des profondeurs de l’ossuaire, un cri aigu, inhumain perça les volutes de brume et fit sursauter Imhdrazil. Il se retourna, la pioche à la main, faisant tomber les pelles, prêt à se défendre de cet énorme… corbeau? En effet, un corbeau, posé sur une branche basse, regardait Imhdrazil d’un œil hagard. Quelque chose de rose et de gluant pendait de son bec. Le corbeau répèta son cri, et l’un de ses congénères atterrit, silencieux, à ses côtés. Ils regardaient à présent tous deux Imhdrazil. Ce regard pèsa sur ses épaules à mesure qu’il s’éloignait, le dos vouté.

Imhdrazil était à présent entouré d’une forêt de pierres tombales. On aurait dit une exposition de statues confuses et abstraites, bien que certaines étaient assez grandes et lourdement ouvragées.
« Hin-hael Fitz, mort le 18 décendre 626 ».
Imhdrazil passait en revue les inscriptions sur les pierres tombales, il cherchait un mort récent.
« Isabelle Boulgoror , décédée le 16 maisial 578 »
Non, pas encore…
Après quelques minutes de recherche, le jeune scientifique tomba enfin sur ce qu’il cherchait. Une simple pierre tombale en bois, ou était inscrite l’indication suivante : « Anaich Oronos mort le 24 Juinssidor 636 ; paix à son âme ». Le cadavre avait à peine deux jours! Quelle aubaine pour Imhdrazil d’Iborasque, il allait enfin pouvoir donner libre cours à ses expériences et si ses calculs se révélaient justes, quelle gloire, quelle fortune il allait amasser!

Le jeune scientifique commence son labeur. Les coups de pioche, en frappant le sol sec et craquelé, résonnaient comme des coups d’épée sur une armure dans le petit matin. De temps en temps, Imhdrazil s’arrêtait pour s’éponger le front. Le sol était dur et gelé. Il n’était pas simple de le creuser et encore moins avec cette petite et misérable pioche rouillée.

Soudain un craquement sourd déchira la quiétude du matin. Imhdrazil dut tirer la pioche de toutes ses forces car elle s’était enfoncée profondément tout d’un coup. Sentant son cœur battre la chamade, le jeune homme enleva la terre restante grâce aux pelles et s’accroupit bientôt pour finir sa tache plus rapidement, déracinant les herbes avec les mains, détachant entières des mottes de terre humide et grouillante d’insectes. Au bout de quelques minutes, Imhdrazil sentit son pouls s’accélérer. Sous ses doigts, le contact dur du bois, une odeur légèrement voilée de musc se répandit dans l’air environnant.

Finissant de dégager le cercueil, le jeune guérisseur put apprécier sa construction simple mais nette et lisse. Le travail avait été fait de main de maître. Sur la partie supérieure, à l’emplacement de la tête, un papillon, pour porter bonheur à l’âme du défunt, était gravé à même le bois. Précipitamment, Imhadrazil essayait de décrocher les clous qui maintennaient fermé le cercueil. Comme ceux-ci résistaient, le guérisseur, impatient, brandit haut sa pioche et la laissa tomber lourdement, faisant voler en éclats le bois. Rapidement, le couvercle fut détaché. Du pied, Imhadrazil le poussa de côté et se pencha sur son contenu.

Soudain, un concert de cris stridents s’élèva de partout. Dans l’accomplissement de sa besogne et acharné comme il était, Imhdrazil n’avait pas remarqué que peu à peu, les corbeaux l’avaient entouré de toutes parts, leurs yeux fous roulant dans leur orbites, leurs ailes noires frémissant dans le vent froid qui fouettait l’ossuaire, implacable…
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MessageSujet: Re: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptySam 6 Jan - 7:55

Chapitre second: L’Eveil à la foudre

Le fracas assourdissant de la pluie battant les careaux recouverts de crasse déconcentrait Imhdrazil d’Iborasque, qui révisa d’un coup d’œil son travail achevé. Le cadavre de l’enfant, qui devait avoir environ douze ans, était couché sur la table à présent débarrassée de la paperasse qui l’encombrait. Le feu crépitait dans la minuscule cheminée de briques, une douce chaleur alourdissait l’air de la pièce. Une couverture chaude couvrait le corps du garçon jusqu’au menton. Le visage pâle, harmonieux, au nez droit et fin, aux lèvres minces et aux sourcils broussailleux était percé d’aiguilles d’où prenaient leur envol des tuyaux de fer qui finissaient dans une grande marmite, suspendue au dessus du feu, dans laquelle un liquide transparent bouillonnait dans un chuchotement leger.
Deux pointes de cuivre, d’environ dix centimètres de longueur étaient enfoncées dans les avant-bras du cadavre du jeune garçon. Là aussi, deux câbles de fer, plus longs et plus larges cette fois, étaient fixés aux pointes par des crochets. Ceux-ci s’élèvaient tel des serpents diaboliques et se perdaient dans les ombres de la toiture.

Un coup de foudre retentit, il allait bientôt être l’heure, l’orage commençait. Imhdrazil s’approcha du corps inanimé et brancha les différents câbles. Tout était prêt, il ne restait plus qu’à attendre. Le tonnerre claqua dans l’air froid de la nuit, son cri roulant comme le son des tambours de guerre au travers des petites rues détrempées de Sousmerfenel. La foudre perçait le noir d’éclairs blancs furtifs, éclairant pendant un instant la scène irréelle qui se déroulait dans la pièce d’une lumière aveuglante. Le feu crépitait dans la cheminée, la pluie claquait aux carreaux, les heures passaient, inexorables, dans l’ennui moite de la chambre. Chaque éclair frappant le paratonnerre qui coiffait la maison fesait grésiller le fer des câbles, emplissant la salle d’une odeur infecte de brûlé et faisant convulsionner le corps du mort. Imhdrazil regarda par la fenêtre, se collant aux carreaux pour ne pas être gêné par son reflet. Dehors, la masse sombre des collines, des maisons et des nuages se confondait dans une purée de pois striée du blanc des éclairs, témoins fantômes de son acte qui violait les plus profonds tabous de la pensée des Hommes.

Un coup de tonnerre plus fort que les autres retentit, puis ce fut l’impact, Imhadrazil fut projeté en arrière et buta contre le mur de plein fouet. Toute la structure de la maison fut ébranlée par le coup imparable jusqu’à sa base et le corps du garçon fut animé d’une ultime secousse de vie.

Soudain c’est le blanc. La nuit s’acheva avec un fracas épouvantable tandis que les couleurs claires avalaient le noir dans un cyclone de sons et de sensations tout-puissant. Pendant un instant, Anaich eut l’impression de flotter dans les tonneaux de liqueur de gland que sa grand-mère gardait dans la cave de la grande maison, puis tout bascula. Un point sombre, où dansaient des reflets rougeoyants prit possession de l’horizon nacré où il semblait flotter, s’approchant à une allure vertigineuse, envahissant son champ de vision, les battements d'un tambour faisant resonner chaque parcelle de son être et de son âme.
Puis le cadavre ouvrit ses grands yeux verts.
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MessageSujet: Re: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptySam 6 Jan - 7:56

Des étoiles dansant devant ses yeux, Imhdrazil sortit lentement de sa torpeur. Une douleur aigue lui perçait le crâne et il sentait comme un étau lui serrant les cotes.
Le scientifique se mit difficilement sur ses pieds et scruta l’obscurité de la pièce du regard. Le feu s’était éteint, une odeur voilée de souffre flottait dans les airs et les volets de l’unique fenêtre battaient au vent glacial. La tempête était passée, la nuit suivait son cours, calme et sombre.
En tâtonnant, Imhdrazil alluma une bougie, qu’il sortit de sa réserve. La douce lumière orange éclaira alors le champ de bataille qu’était devenue la pièce. Les câbles, arrachés, pendaient tels des lianes du plafond, la bouilloire, à moitié vide, s’était renversée sur les cendres du feu et la grande table de bois, presque entièrement calcinée, gisait sur le côté. Les notes et les travaux scientifiques d’Imhdrazil, ou tout du moins ce qu’il en restait, étaient éparpillés pêle-mêle dans la chambre.
Ebahi, le jeune homme contemplait le désastre. On aurait pu croire que la tempête c’était engouffrée toute entière par la fenêtre et avait tout balayé sur son passage. Lorsque son regard se posa sur le sol, le sang d’Imhdrazil ne fit qu’un tour. Dans les cendres qui tapissaient le sol, des traces de pieds s’imprimaient clairement et s’éloignaient vers la fenêtre.

Anaich, le cœur lourd et la culpabilité dans l’âme, glissa sur les tuiles humides. Ses pieds nus, presque gelés, écorchés et couverts de coupures, lui faisaient mal. Vue la position de la lune, il devait être près de trois heures du matin. Le jour n'allait pas tarder à se lever et il devait se trouver rapidement un abri, loin, loin des regards. Il repensa encore à son réveil dans ce lieu inconnu. Il pensait pourtant s’être endormi dans sa chambre, après que le médecin soit parti. Que lui était-il arrivé entre-temps? Pourquoi est-ce que des coups de canons résonnaient encore à ses oreilles?
Perdu dans ses pensées comme il était, l’enfant n’aperçut pas la gouttière qui surplombait le vide. Soudain déséquilibré, Anaich bascula. La chute fut courte le pavé se rapprocha monstrueusement vite, la vitesse lui souleva l’estomac et le vent sifflait à ses oreilles.
Anaich ouvrit les yeux, debout sur la gouttière, il jeta un regard vers le bas. Le cri d'un corbeau perça les ténèbres et vint lui geler les os.
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MessageSujet: Re: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptySam 6 Jan - 8:31

II] Seconde partie : Voyage guidé

Chapitre premier: La terre brûlait à midi

Les rayons du soleil, penché sur son zenith, grillaient les sauterelles dans les champs de blé. Pas une brise, pas un souffle de vent ne venaient raffraichir l'air tranparent qui bouillait sur place, pas une ombre ou se réfugier de cet ardent cauchemard. C'est en ces conditions qu'Anaich, en tenue d'Adam, voyagait. Il ignorait quand il avait mangé pour la dernière fois, de fait, il remarquait que chaque pas dans ce brasier aérien lui otait un souvenir. Un pas, un autre, le craquement des sauterelles mortes et le noir qui s'épaississait dans sa tête. Vivement la nuit.

Huit ans de son passé avaient déja brulé quand, pour son plus grand soulagement, il vit apparaitre au loin, distorsionné par les volutes qui montaient du sol agonisant, un chêne tricentenaire à l'écorce calcinée. Pas un bruit, pas un piaillement ne venait corser l'ambiance moite de l'après-midi. Le soleil dansait à petits pas vers l'horizon, comme avec un plaisir sadique à tuer cette terre qu'il avait le matin reveillée.

L'ombre de l'arbre noir et dénudé grandissait, enveloppant peu à peu le garçon, qui, plongé dans une semi-torpeur, regardait se fissurer la terre et tomber les grillons. Il plongait de nouveau dans le sommeil dont l'homme aux cheveux fatigués l'avait éxtirpé. Un reveil à l'eau glaçée selon son souvenir. La salive s'épaississait dans sa bouche au point de l'obliger à cracher pour ne pas s'étouffer.

Ce fut une main noueuse et écaillée qui le reveilla. La nuit était venue à tomber, un vent glacial pliait les gerbes de blé en poussant des hululements stridents. Le froid venait soulager la peau calcinée et les muscles tétanisés d'Anaich, le tirant peu à peu de l'évanouissement morbide qui l'enserrait.
Et la main qui secouait toujours son épaule. Une couverture de tissu qui recouvrit son corps, de l'eau gelée portée à ses levres et le sang qui se remit à battre à ses tampes et Anaich retomba dans les bras de Morphée.
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MessageSujet: Re: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptyLun 8 Jan - 23:55

Chapitre second: La ville qui crachait de la fumée

-Est-ce que je suis mort? demanda Anaich
-Non, reveille toi je te dis.
-Je veux pas, je suis bien ici. Il fait chaud dehors, retorqua Anaich.
-Va tu m'écouter bougre d'imbécile, si tu cesses de suivre mes ordres, que va t-on devenir toi et moi, Hein? Je te le demande moi! Si je ne veillais pas sur toi jour et nuit, il y a longtemps que ta carcasse aurait fini de pourrir dans ce village de paysans!
-D'accord, d'accord... Juste parcque je t'aime bien, lui répondit le garçon, sarcastique.
-Je vais t'en coller une moi... Mais reveille toi je te dis! On profite de toi dehors!


Ouvrant ses yeux vert émeraude à contrecoeur, le cadavre se surprit à sentir des mains qui couraient sur son corps. Elles étaient froides, et sèches. Une odeur infecte de tabac et d'alchool lui agaçait les narines. Les contours se faisant moins flous au fur et à mesure qu'il reprenait conscience, il put distinguer un vieil homme presque entièrement nu, qui le touchait. Ses mains jouaient du piano sur le corps du garçon, s'aventurant.

Le dégout prit possession du cadavre à mesure qu'il réalisait ce que l'homme était en train de faire. Celui-ci n'avait pas remarqué que sa victime reprenait conscience et commençait à enlever ce qu'il restait de ses vêtements. Ce fut la dernière chose qu'il fit. Une langue de feu le frappa au torse, brulant la peau et les chairs dans un grésillement sonore et le projetant plusieurs mètres plus loin, contre le mur d'en face. Sa tête frappa le caniveau et il resta là, étendu de tout son long dans une flaque de son propre sang et d'immondices.

-Merci, pensa Anaich.
-Tu me remercieras quand tu m'auras payé.
-Te payer avec quoi, je n'ai pas d'argent, répondit Anaich.
-Regarde autour de toi, et... cherche des vêtements, que tu sois un peu plus présentable.


Cherchant des yeux de quoi couvrir sa nudité, Anaich vit qu'il se trouvait dans une ruelle pavée grossièrement. Le sol, humide et glissant, dégageait une odeur nauséabonde de pourriture. Des tas d'ordures jonchaient ça et là l'endroit, renforçant cet air de d'abandon et de promiscuité qui régnait. Il ne put trouver pour seul apparat qu'une couverture de laine grossière, sâle et rapeuse, dont il se fit un pagne tant bien que mal.

-Bon, c'est déja ça, faut trouver d'quoi manger maintenant.
-Je veux rentrer à la maison... pensa Anaich, désolé, défait par ce monde dur dont il n'avait pas idée dans la commodité de sa vie antérieure.
-Cherche dans les poubelles, on y trouve toujours des choses interessantes...


Le soleil se levait derrière la silhouette profilée des cheminées sur les toits. En le regardant, encore étourdi par son sommeil troublé et inconfortable, Anaich crut qu'il perdait la vue. Il dut regarder longtemps cette lumière grisâtre, pâle, froide, pour se rendre compte que la ville était submergée par ses propres vapeurs et fumées. Ce ne fut que lorsque une cloche lointaine sonna sept coups qu'il se décida à se lever, s'arracher les poux qui lui couvraient les jambes et chercher un endroit plus recommandable. Il chemina longtemps à travers ce dédale de ruelles, de rues et de chemins, tous identiques. Tous les murs de la mème couleur noiratre, toutes les portes le même air fumé et tous les mendiants le même teint maladif et le regard fuyant. Des gémissements surgissaient, quelques fois, de quelques tas de corps décharnés, des lépreux infects, la peau dégoulinante et les yeux trop petits.

Ce ne fut vers le douzième coup de cloche qu'Anaich apreçut enfin la porte. Une lourde porte à deux battants, encastrée dans un mur de deux ou trois mètres de haut. Là, une foule de ces êtres parias se pressait, s'écrasait, jouait des coudes pour être le plus près possible du mur. Des jeunes filles avec leurs enfants, des vieillards avec leurs batons et des chiens galeux se tenaient là, criant un murmure qui semblait l'union de toutes ces voix à la fois.

-Avance, vite, approche de la porte.
-Mais... lui répondit Anaich, hésitant.
-Mais quoi, tu veux sortir d'ici ou pas? Tu veux rentrer chez toi ou pas? Fais donc ce que je te dis, petit rat, et peut être arriverons nous à quelquechose!
-D'accord, d'accord, pas la peine de me crier dessus, dit Anaich, soumis.
-Garde tes mains à hauteur des épaules et essaye de passer entre leurs jambes.


Ceci faisant, le garçon percuta une fillette qui venait en sens inverse, tenant dans ses bras, comme tant d'autres, un ballot qui criait et gigotait. L'enfant tomba sur le sol et ses cris cesserent. Les yeux de la fillette, seules perles dans un visage sâle, émacié, couvert de suie et de crasse, rencontrèrent ceux d'Anaich. Leur colère malsaine et leur tristesse infinie firent chavirer le garçon, qui essaya de s'excuser en propos malhabiles et bégayants.

-Pas la temps de faire le galant, Romeo, la porte s'ouvre! Va, va donc, essaye de ne pas tomber, on t'écraserait, empoté! Tu y es presque, si tu ne veux pas attendre encore, dépèche toi, lui, pousse le, prend sa place! Voila, bien. Nous voila sortis...
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MessageSujet: Re: La légende du Marchenuit   La légende du Marchenuit EmptyVen 23 Fév - 3:40

Chapitre troisième: Derrière la grille

Un tout nouveau paysage s'offrait à ses yeux verts émeraude, passée la grande porte, la fumée qui limitait la portée du regard à quelques mètres à peine s'amenuisait jusqu'à s'estomper complètement. Ca et là, sur les murs blancs crême, des pots de fleurs, suspendus par des crochets, égayaient l'air ambiant, des draps de lin aux motifs réguliers donnaient une impression de pureté niquelle. A tous les coins de rue, de grandes cages dorées abritaient de larges oiseaux éxotiqes aux plumages bigarés regardaient les passants de leurs yeux pensifs. Anaich resta abasourdi devant ce contraste, mais quand il voulut se retourner pour voir une dernière fois ce nid de rats d'ou il s'extirpait à peine, la porte s'était déja refermée sur les masses de mendiants, lépreux, infirmes et vieillards que de grandes murailles peintes en ocre contenaient.
La foule qui venait de la cité à la fumée était encadrée par une brigade de gardes, à l'uniforme blanc. Certains d'entre eux étaient même montés sur des dindes, qui piaffaient en grattant le sol de leurs griffes. La voix reprit:

-Faut sortir, marche vers les bords de la colonne, mais pousse les, montre que t'as des couilles, nabot, pousse les donc! Lui là, il est tombé, dépeche toi! Attends qu'on arrive au prochain coin de rue et prépare toi à courir...



hrp: Voili voilou, la suite dans pas longtemps.
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